Le Pacte Dutreil est un dispositif permettant de faciliter la transmission d’entreprises familiales en allégeant la fiscalité. Ce dispositif ouvre droit à une exonération partielle des droits de mutation à titre gratuit à hauteur de 75 %. Seulement 25 % de la valeur des titres sont donc imposés en cas de transmission par donation ou succession.
Pour mettre en place un pacte Dutreil, plusieurs conditions doivent être respectées (CGI art. 787 B).
Conditions au moment de la création du pacte
Au niveau de la société et des titres
Précisions : L’administration précise que pour les donations, seules les personnes physiques et les fonds de pérennité ont la qualité de bénéficiaires pour l’application de ce dispositif. Pour les successions, les personnes morales peuvent aussi avoir la qualité de bénéficiaires pour l’application du dispositif. Elle ajoute que les transmissions à un fonds de pérennité effectuées par une personne morale peuvent bénéficier de l’exonération partielle (BOI-ENR-DMTG-10-20-40-10 n° 1).
Au niveau de l’engagement collectif
Les signataires d’un pacte Dutreil doivent s’engager collectivement à conserver les titres de l’entreprise pendant une durée minimale de 2 ans à compter de la date d’enregistrement de l’acte le constatant ou du jour de signature de l’acte lorsqu’il revêt une forme authentique (acte notarié).
L’engagement collectif doit porter sur au moins :
L’un des bénéficiaires doit effectivement poursuivre l’exploitation de l’entreprise pour toute la durée de l’engagement collectif
Engagement collectif « réputé acquis »
L’engagement peut être « réputé acquis » si les conditions de détention du capital par le dirigeant sont réunies sans pour autant que le pacte n’ait été matériellement conclu. Tel est le cas lorsque le donateur ou le (futur) défunt détient depuis 2 ans au moins le quota de titres requis et exerce depuis plus de 2 ans son activité principale dans la société.
Le pacte peut désormais également être « réputé acquis » même si la détention de titres concerne une société holding, c’est-à-dire une société interposée (BOI-ENR-DMTG-10-20-40-10 n° 230).
Ouverture de l’engagement collectif à l’associé unique
Apport des titres à une société holding
Conditions au moment de la transmission
L’engagement collectif doit en principe être en cours (il existe des exceptions).
Chacun des bénéficiaires (les héritiers, légataires ou donataires) doit prendre, dans la déclaration de succession ou l’acte de donation, l’engagement individuel de conserver les titres pendant 4 ans à compter de l’expiration de l’engagement collectif :
L’une des personnes liées par le pacte doit exercer son activité professionnelle principale dans une société de personnes ou une fonction de direction si la société est soumise à l’impôt sur les sociétés pendant 3 ans à compter de la transmission.
Formalités à respecter dans le cadre d’un pacte Dutreil
La société dont les titres sont directement ou indirectement transmis doit remettre plusieurs attestations au redevable afin de lui permettre de satisfaire à ses obligations déclaratives :
– postérieurement à la transmission à titre gratuit, une attestation soit en réponse à une demande de l’administration, soit spontanément à l’issue de la période individuelle de conservation des titres.
Remise en cause de l’exonération partielle en cas de cession des titres
L’exonération partielle des droits de mutation à titre gratuit est susceptible d’être remise en cause lorsque l’engagement collectif ou individuel de conservation en cours n’a pas été respecté du fait de plusieurs situations (BOI-ENR-DMTG-10-20-40-20) :
Dans ce cas, le(s) bénéficiaire(s) est (sont) alors tenu(s) d’acquitter le complément de droits de mutation à titre gratuit, majoré de l’intérêt de retard..
Dans le cas où le cessionnaire ou le donataire serait un autre signataire de l’engagement collectif, l’exonération partielle n’est remise en cause qu’à concurrence des titres cédés ou donnés, ceux conservés par le cédant n’étant pour leur part pas affectés (BOI-ENR-DMTG-10-20-40-20 n° 50).
Mise en conformité possible